marion lenne

Députée de la XVème législature

Panne géante de Facebook : un révélateur du besoin d’Europe sur le numérique

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Lundi 4 octobre 2021, une panne géante a affecté pendant 6 heures le réseau social Facebook et l’ensemble des services qui lui sont associés. Cette panne a révélé notre dépendance à ces services, mais aussi les fragilités de ces plateformes, susceptibles aux pannes comme aux attaques informatiques. Cet événement rappelle avec acuité le besoin d’une action publique forte dans le domaine du numérique, tant au niveau français qu’au niveau européen, comme je l’avais évoqué dans le rapport sur les géants du numérique que j’ai cosigné avec mon collègue Alain David. 

Une panne sans précédent affectant tout l’écosystème Facebook 

Lundi 4 octobre, à partir de 18 heures, une panne informatique sans précédent a paralysé  pendant plusieurs heures Facebook. La panne a touché le réseau social en lui-même, mais également tous les services que propose la firme Facebook, à savoir les messageries instantanées WhatsApp et Messenger, le réseau social Instagram, la plateforme collaborative WorkPlace ou encore Occulus. Cette panne révèle ainsi la nature systémique de cet acteur majeur du numérique.

Au-delà du cas Facebook, nous sommes devenus dépendants de nombreuses plateformes systémiques : Microsoft avec ses systèmes d’exploitation et aussi des services de « Cloud », Skype, LinkedIn ou encore les consoles de jeu Xbox et le moteur de recherche Bing. Amazon, avec la vente en ligne et également des services de « Cloud », de streaming video et de musique, de jeu en ligne ou de liseuse. Google avec initialement son moteur de recherche, puis ses services de messagerie, de cartographie, ou d’agenda, et désormais la plateforme de vidéo en ligne Youtube. Apple, avec ses ordinateurs, smartphones et tablettes, et également ses services d’abonnement de musique ou de vidéo.

Face à ces géants du numérique américains (les GAFAM), de nouveaux géants chinois émergent : Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi ou encore Huawei (les BATX ou BATHX). Dans le contexte de cette nouvelle donne, la France et l’Union Européenne doivent se faire les stratèges d’une voie alternative en terme de numérique.

L’Union Européenne : une puissance régulatrice du numérique

Alors même que l’une des caractéristiques principales des géants du numérique est de défier la capacité des États à les réguler, l’Union Européenne a su faire preuve de volontarisme ces dernières années, que ce soit à travers des initiatives dédiées au secteur (Règlement général sur la protection des données, RGPD) ou à travers d’autres instruments comme la politique de concurrence (amendes ciblant les GAFAM).

Cette efficacité régulatrice s’illustre dans le fait que de nombreux États du monde ont repris certaines de nos règles en la matière : le Japon, la Corée du Sud, le Bénin, l’Australie, la Suisse, la Tunisie, le Burkina Faso ou encore le Brésil ont introduit des dispositions législatives similaires au RGPD ou s’apprêtent à le faire.

Faire de l’Union Européenne une puissance créatrice

Mais l’Union européenne ne peut se cantonner à ce rôle de puissance régulatrice et doit aussi avoir pour objectif de devenir une puissance créatrice, pour faire émerger ses propres acteurs majeurs.

Cette ambition sera au coeur de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne qui aura lieu au premier semestre 2022. Ce semestre sera marqué par l’adoption de textes majeurs en la matière. Le Digital Services Act (le DSA) : il aura pour but d’harmoniser les régulations nationales pour favoriser le développement des entreprises numériques européennes. Le Digital Markets Act (le DMA) : il ciblera plus spécifiquement les plateformes systémiques pour empêcher leurs pratiques déloyales ou entravant la concurrence.

Dans cette perspective, le rapport que j’ai cosigné met en avant 26 recommandations visant à capitaliser sur les atouts français et européens et faire émerger cette troisième voie en terme de numérique.

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